Le 15 novembre dernier s’est tenu au 104 à Paris une journée organisée par l’association Nos Quartiers ont du Talent, engagée dans l’accompagnement vers l’emploi des jeunes diplômés, notamment via des dispositifs de parrainage. Ce Talents Hub dont le slogan était se connecter pour accélérer ma recherche d’emploi proposait différentes activités, animations et lieux d’échanges pour Rencontrer des experts, Construire sa recherche d’emploi et/ou S’inspirer de témoignages pour enrichir son projet professionnel.
Retour sur trois conférences aux enseignements éclairants.
Prendre le temps de se trouver
Comme dans tout projet, avant de se lancer dans une recherche d’emploi encore faut-il savoir ce que l’on veut. Le temps de la réflexion en amont, qui peut paraître angoissant lorsqu’il s’étire, est néanmoins nécessaire pour engager une démarche pertinente et en accord avec ses besoins, ses attentes et ses compétences actuelles.
C’est dans ce sens que Mathieu Nebra, co-fondateur d’Openclassrooms, a développé son intervention Comment trouver sa voie ? en nous invitant dans un premier temps à se libérer du système envahissant des échéances prioritaires et autres dates butoirs qui tendent à procrastiner nos questionnements les plus fondamentaux.
Intervention de Mathieu Nebra - Photo Twitter @Tino_Courdier
Mais quelles questions se poser ? Voici les trois qu’il retient :
- Qu’est-ce que j’aime faire ? Qu’est-ce que j’ai du plaisir à faire ?
- Est-ce que je suis doué pour cela ? C’est-à-dire : Si je le fais, est-ce que j’ai l’impression de faire du bon travail ?
- Est-ce que c’est un métier recherché ? Est-ce qu’il y a des opportunités ? (il cite alors trois outils qui peuvent aider à s’en faire une idée : une data visualisation proposée par Impala, une étude du nombre de résultats de recherche sur Indeed, la page Informations Marché du Travail de Pôle Emploi).
Il nous invite à nous poser ces questions sans jugement et régulièrement car nous sommes en perpétuel changement, puis termine par quelques mantras qu’il aurait aimé qu’on lui transmette plus tôt :
- Il n’y a pas de petit métier
- C’est OK de ne pas savoir ce que l’on veut faire
- C’est OK de changer d’avis
- Tu vas devoir apprendre toute ta vie
- Il n’y a pas qu’une seule voie pour amener à un métier, vivent les profils atypiques.
Embrasser sa singularité
Ces remarques ont trouvé écho dans l’intervention de Fadhila Brahimi, coach en e-reputation et communication d’influence, qui les amènent un peu plus loin dans l’optique de Faire de vous une marque attractive.
Elle prend d’abord le temps de redéfinir le Personal Branding comme l’art de mettre en valeur son profil en fonction de son projet professionnel, en revenant sur la notion de “marque“ au sens de trace : qu’est-ce que je veux que l’on retienne de ma personne ?
C’est un travail long et personnel qui demande de se reconnecter régulièrement à soi car dans le monde actuel où tout change et très vite, une seule donnée stable demeure : notre propre personne.
“Soyez les entrepreneurs de votre vie personnelle et professionnelle“.
Mais par où commencer ? Déjà par se reconnecter à ses rêves et ses idéaux. Prendre le temps de les étudier pour explorer ce qui se cache derrière chacun d’eux nous permettra de comprendre notre personnalité et d’identifier quels sont nos réels désirs de réalisation.
Elle conseille ensuite de se méfier des “choix définitifs“ et autres “c’est trop tard“ et invite plutôt à se réinscrire dans un flux continu de rencontres et d’expériences. “Tout projet est biodégradable“ nous rappelle-t-elle.
C’est sur cette ligne de temps que nous pouvons positionner puis analyser quelques unes de nos expériences, positives comme négatives : où sont les pics de bonheur ? Où sont ceux d’insatisfaction ? En se focalisant sur les moments de collaboration et en s’interrogeant sur la place que l’on occupait alors au sein du groupe, nous pouvons trouver des pistes d’identification de notre talent et de nos valeurs.
En conclusion, elle prévient néanmoins qu’il faut accepter à un moment donné (qui pourra être renouvelé) de définir ce que l’on recherche afin de pouvoir se présenter et ainsi développer un réseau. Car on ne peut pas demander à autrui de le deviner pour nous, ni attendre passivement qu’il le détermine à notre place.
Miser sur les soft-skills
La conférence Faire de votre identité un levier de performance a invité trois acteurs engagés dans la promotion de la diversité à nous faire part de leur analyse de la situation actuelle du marché de l'emploi.
Ils partagent d’abord le constat qu’un des freins majeurs à l’embauche des jeunes tient à un défaut de management en entreprise qui n’a pas encore les outils adéquats pour assurer la bonne cohabitation de l’ancienne et de la nouvelle génération. Cette dernière a grandi dans un monde globalisé, multiculturel et dans un référentiel en perpétuel mouvement, ce qui l’a amenée à se recentrer sur l’affirmation de sa singularité et à chambouler le système jusqu’alors rassurant des profils-types.
“Aujourd’hui, on devrait pouvoir arriver en entreprise en cherchant à être soi-même et non le clone de ceux qui y sont déjà"
Samir Karoum nous enjoint à être fier de sa singularité et à prendre en charge, le temps que le changement s’accélère, la démonstration de ce que notre différence peut apporter à l’entreprise.
Pour cela il conseille d’apprendre à se pitcher. Tout d’abord en comprenant ce que l’on veut et ce que l’on peut apporter. Puis en développant un récit de son histoire à retranscrire ensuite dans tous les supports de communication (CV, lettres de motivation, profil Linkedin, etc.)
“Vous n’êtes pas des mendiants mais des mines d’or"
Benjamin Blavier rappelle que les métiers de demain sont encore inconnus et ceux d’aujourd’hui en pleine mutation, les diplômes (hardskills) ne correspondent donc plus aux besoins. C’est pourquoi les recruteurs se focalisent de plus en plus sur les softskills que cette nouvelle génération, battante, détient en nombre (créativité, résilience, intelligence situationnelle…) Il mentionne l’outil Jobready, développé par Article 1, pour aider au diagnostic, à la valorisation et au développement de l’ensemble de ses compétences.
“Un parrainage-tutorat-mentorat dégagé de son aspect caritatif"
Luc Derache, parrain NQT, rappelle que ce genre de dispositif est aussi enrichissant pour le tuteur. Au delà de la simple transmission, il mène à un véritable échange entre un insider et un jeune qui lui apporte l’opportunité de reconsidérer un référentiel tellement établi qu’il n’est plus questionné. Afin de prolonger ce cercle vertueux, il rappelle de ne pas oublier de rapporter aux autres ce dont on a bénéficié.
Tous trois concluent que le changement est l’affaire de tous, et qu’au-delà des belles paroles, il tient à chacun de se demander consciencieusement “s’il fait bien sa part du job“.
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