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Elizabeth Jacquinot : une hypersensible au service des archives télé.

· Portrait,Insertion prof,Alternance

Une passion pour les archives et l'histoire...

Elizabeth est l'incarnation même de la jeune femme qui suit un parcours brillant mais qui ne le sait pas. Syndrome de la bonne élève quand tu nous tiens !

Petite, elle découvre dans la rue une malle avec des archives des années 20 qui ont vraisemblablement appartenu à une femme.

De là à imaginer que sa passion pour les archives est née à ce moment là, il n'y a qu'un pas.

Parce que oui, Elizabeth se passionne très vite pour les archives...et la variété française.

Ce qui lui vaut un vrai décalage avec les jeunes de son âge au lycée car, comme elle le dit très bien, elle était plus proche de la culture des 30 glorieuses que de celle des années 90-2000 !

Alors, d'où lui vient cette passion ? Peut-être en partie grâce au relationnel très fort qui existe entre elle et ses grands parents, auprès de qui elle a passé et passe encore beaucoup de temps, et avec qui elle a beaucoup évoqué leur passé, leur vie dans la grande Histoire.

C'est peut-être aussi pour cette raison qu'elle décide de faire une licence d'histoire à Paris 4, une fois son bac en poche. Dans le cadre d’Erasmus, elle passe une année complète de L3 à Bologne en Italie. Elle y découvre les activités de restauration film de la cinémathèque.

Ce qui l’amène logiquement à choisir un master dans lequel elle pourrait coupler sa passion pour l’histoire et les archives.

Elle s'inscrit donc en Master 2 Histoire et Audiovisuel à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en partenariat avec l'INA : deux années intenses de recherche, d’écoute et de visionnage en bibliothèque et à l'Inathèque pour la partie télévisuelle.

Son sujet ? Les émissions de variété, et plus précisément, celles produites par les Carpentier. Oui, celles qu'elle regardait certainement avec ses grands parents, car côté culture musicale, ses parents n'avaient pas du tout les mêmes goûts que les siens !

Après quelques recherches, elle se rend vite compte que ce sujet n'a jamais été traité, alors qu'il y a beaucoup de matière et beaucoup d'archives passionnantes.

Elle se lance donc à corps perdu dans l'étude de corpus pendant deux ans, elle visionne, elle cherche, elle rencontre Marion Sarraut, réalisatrice des émissions des Carpentier.

Quand elle apprend que l'INA organise tous les ans un Prix de l'Inathèque à destination des étudiants-chercheurs qui travaillent sur des sujets télévisuels, et qu'une ancienne étudiante de son master a eu un prix, sa petite voix intérieure lui dit "pourquoi pas moi ?".

Cette petite voix, c'est celle de cette brillante étudiante qui doute encore beaucoup de ses capacités, mais qui commence au fur et à mesure à prendre confiance en elle, au fil des ans.

Grand bien lui en a pris, puisqu'elle obtient le prix d'Encouragement de l’Inathèque en 2015 et apprend que son mémoire sera publié !

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Et un métier au service de ses passions !

Tout au long de ses deux années de master, elle est sensibilisée aux méthodes de travail des documentalistes de l'INA à la BNF.

Puis, elle fait un stage à France Inter pour l'émission "la marche de l'histoire" où elle fréquente des chargé.e.s de production qui pratiquent aussi en quelque sorte des activités documentaires. Et enfin, un passage comme documentaliste pour l'émission 28 minutes sur Arte, finissent de la convaincre : le métier de documentaliste multimédias est le métier qui lui permettra de travailler autour de ce qui la passionne : les archives et l'histoire.

Elle décide donc de postuler au Diplôme Documentaliste multimédi@s à INAsup (promo 2015-2016)

Là, elle va travailler en alternance pendant un an au Musée Albert Kahn, aux côtés de sa maîtresse d'apprentissage, Isabelle Peretti.

Sa mission pendant cette année en alternance lui permettra à la fois de travailler sur un fonds magique d'archives, tout en déployant encore plus de compétences transverses : elle va apprendre le métier de documentaliste 2.0, celui ou celle qui se confronte désormais au web, à la technique et à l'informatique, mais aussi à la valorisation des archives avec des outils issus du web et des réseaux sociaux.
Pendant un an, elle va porter avec Isabelle Peretti un magnifique projet de mise en ligne en open data du fonds patrimonial d’images fixes du musée, à destination du grand public.

Ce projet s'inscrit dans la volonté d'ouverture des données porté par les États.
Tout au long de son alternance, elle va se confronter avec délice à un travail très technique, parfois laborieux, mais indispensable pour un tel projet qui nécessite une minutie absolue : extraction et nettoyage des données, contrôle qualité, vérifications et diagnostics en tout genre, géocodage à la main, création de storymaps, gestion des droits d'auteur.

Puis, une fois tout risque d'erreur écarté, c'est la satisfaction de pouvoir mettre en application ce qu’elle a appris en cours sur les activités documentaires et l'éditorialisation des données : un vrai travail de conduite de projet de bout en bout !

Elle le dit elle même, elle a vécu une véritable acculturation au monde de la documentation et du numérique et elle a pu acquérir une vraie expertise des données.

Comme si ça ne suffisait pas, sans rien dire, elle retravaille en parallèle son mémoire de M2 en vue de sa publication par l'INA.

Une fois diplômée, s'en suit une période de chômage pendant laquelle elle vit un décalage complet entre la joie de voir son mémoire publié et l’angoisse de ne pas trouver de travail.

Et puis c'est la cascade des bonnes nouvelles : un contrat d’un an au CNRS qui s’enchaîne avec un autre à l'INA, au coeur de ce qui la passionne.

L'aboutissement grandement mérité, c'est la possibilité de présenter l'émission Rembob'ina, le mois dernier, aux côtés de Patrick Cohen, sur un thème qui lui est cher : la rediffusion du conte musical de Michel Berger "Emilie ou la petite sirène", sous la direction des Carpentier.

De la patience et beaucoup de travail

D'après Elizabeth, les maîtres mots qui peuvent résumer ce parcours débutant, c'est patience et travail.

Il n'y a pas de hasard ! Depuis sa scolarité jusqu'à son arrivée en CDD à l'INA, Elizabeth s'est battue pour arriver à ses fins, elle a travaillé très durement et c'est ça qui a payé.

Elle a également dû apprendre à être patiente, à traverser des moments compliqués, à se relever et à se dire qu'il fallait en faire quelque chose, ce qui lui a permis d'avancer, toujours, et ne jamais baisser la tête.

Elle insiste aussi sur une chose primordiale : sa culture générale, historique et télévisuelle, c'est à l'université qu'elle s'est consolidée.

Mais son métier actuel de documentaliste multimédias, il s'est forgé à INAsup et au Musée Albert Kahn, grâce aux vertus encore trop peu valorisées de l'alternance.

De plus, sa confiance en elle s'est également développée à ce moment là. Quoi de plus efficace que des projets tutorés qui se terminent par des soutenances orales devant un jury de 3 ou 4 personnes pour développer sa confiance en soi et être à l'aise par la suite dans la prise de parole ? Même si c'est très anxiogène au début, elle affirme que ça lui a rendu un grand service dans sa vie professionnelle, de l’entretien d’embauche à Rembob’ina !

Alors, c'est l'occasion pour moi d'exprimer une grande fierté et une grande satisfaction d'avoir eu Elizabeth comme étudiante, et de la gratitude à son égard, parce que pendant un an nos échanges ont été très riches, et ils continuent de l'être.

Discuter avec des personnes passionnées, suivre leur évolution professionnelle, échanger sur leurs questionnements, sur le monde du travail, sur l'avenir de leur métier, c'est ce qui donne du sens à nos rôles d'accompagnateurs/trices pendant leur passage entre nos murs, mais aussi bien après. Parce que pour elles, tout commence une fois leur diplôme en poche, et c'est là que notre rôle est déterminant pour la suite de leur parcours.

En savoir plus

Sylvaine Pettens, Responsable pédagogique en charge de l'accompagnement des étudiant.e.s.