Revenir au site

Vanille Mayé : 100% en télétravail loin de Paris

 

 

Heureuse et épanouie dans sa vie comme dans son travail

· Portrait,Monde du travail

Cela faisait longtemps que j’avais envie d’écrire un article sur les nouveaux modes de travail induits par le numérique. On en parle de plus en plus dans les médias, mais cela reste encore très flou pour beaucoup d’entre nous.

Dans mes précédents portraits d’étudiant·es ici ou je vous parlais déjà des personnes qui cumulent plusieurs activités, ou en terme “start up nation” les slasheur·ses.

Mais il existe d’autres manières de travailler désormais, et ce, grâce à l’autonomie que nous apporte une simple connexion internet : c’est le travail “hors les murs”.

Beaucoup d’entre nous sommes déjà familiarisé·es avec le télé-travail à raison de 1 à 2 jours par semaine.

Mais on peut aller encore plus loin !

On parle alors de nomadisme digital, c’est à dire voyager en travaillant en ligne, ou bien de travail en “remote”, c’est à dire 100% en télé-travail.

Le nomadisme digital, permet d’aller très loin dans la liberté de mouvement, puisque vous pouvez travailler tout en vous déplaçant fréquemment, en France comme à l’étranger. Il est possible de voyager quelques mois par an ou bien même toute l’année. Mais cela nécessite d’exercer un métier dans lequel vous êtes autonome à 100%, c’est à dire freelance ou auto-entrepreneur.e et que vos client·es acceptent que vos échanges se fassent à distance ( à condition d’avoir une bonne connexion internet pour pouvoir échanger).

C’est le cas par exemple pour tout ce qui concerne la rédaction ou le développement web, la traduction, le graphisme ou le marketing digital.

En revanche, les personnes qui travaillent en “remote” ou en télé-travail à 100 % sont sédentaires.

Mais, attention, c’est très différent du télé-travail classique car c’est un vrai mode de vie avec ses avantages et ses inconvénients.

On est salarié·e d’une entreprise, avec tous les avantages, tout en travaillant dans une ville de son choix ou une région, mais on travaille à distance, depuis chez soi, ou bien depuis des espaces de coworking (payés ou non par l’entreprise).

C’est le cas de Vanille, qui s’est lancée dans l’aventure il y a un peu plus d’un an et qui a le recul suffisant pour nous faire un bilan on ne peut plus positif, à condition d’être rigoureux·se, très bien organisé·e et familiarisé·e avec les outils de communication actuels comme Slack, Skype, Vidéo meetings etc.

Diplômée en 2011 de la formation Documentaliste multimédias d'INAsup, elle est iconographe chez Comptoir des voyages depuis bientôt 7 ans.

C’est à dire qu’elle gère un fonds d’images sur la thématique du voyage et sélectionne des photos pour illustrer des contenus rédactionnels liés à cette thématique.

Le maître mot de sa vie c’est le voyage ! Que ce soit via son activité professionnelle, ses loisirs ou sa vie quotidienne !

Alors, il y a un peu plus d’un an, quand l’opportunité de suivre son conjoint en Aveyron pour des raisons professionnelles se présente, elle n’hésite pas une seule seconde. Elle est prête à donner sa démission, mais comme elle aime beaucoup sa boîte et tout ce qu’elle représente, elle se permet de dire à sa manager qu’elle va partir, mais que si elle pouvait continuer à travailler pour la marque à distance, elle le ferait.

Elle a eu la chance d’avoir face à elle une personne très ouverte qui a aussitôt dit chiche !

Le management par la confiance est un vrai atout quand on ne veut pas se séparer de salarié·es particulièrement investi·es et efficaces.

Sa responsable lui donne donc sa chance et plaide son projet et la qualité de son travail depuis 5 ans auprès de la direction, qui accepte le pari.

Vanille est donc la 1ère, et la seule pour l’instant, à inaugurer ce nouveau mode de travail 100% à distance dans sa structure.

Mais concrètement, comment ça marche ?

Vanille travaille comme n’importe quel·le autre salarié·e de sa structure, mais dans un espace de coworking avec des horaires fixes pour bien cloisonner vie privée et vie professionnelle.

Il a aussi été décidé qu’elle devrait revenir à Paris une fois par mois, 2 jours d’affilée.

C’est absolument nécessaire pour reprendre contact avec toute l’équipe.

Selon elle, la condition pour que ce travail 100% à distance fonctionne, c’est déjà d’être un·e très bon·ne communicant·e, puis d’avoir un très bon relationnel avec son équipe.

La vie de l’entreprise ne s’adapte pas à son mode de fonctionnement, mais au contraire, c’est à elle de s’adapter et de faire du lien régulier avec ses collègues. Il faut donc qu’elle soit très présente, visible, mais autrement.

Comme elle fait partie d’une équipe de communication, cela passe par plus d’échanges téléphoniques plutôt que des mails par exemple. Et puis, quand elle est sur place 2 jours par mois, elle doit faire du relationnel avec les personnes nouvellement arrivées, aller au contact avec l’équipe, parler, expliquer ce qu’elle fait.

Alors c’est vrai qu’elle est souvent absente pour des moments importants organisés par sa structure (déjeuners, événements), mais quand elle est là physiquement, elle est là doublement !

Elle garde le même statut et aucune de ses activités menées jusqu’alors dans la structure parisienne n’a été remise en question. Elle arrive donc à maintenir un équilibre professionnel, émotionnel et financier, mais avec une qualité de vie incomparable avec la vie parisienne.

La grande chance qu’elle ait eue également, c’est qu’elle n'a eu à gérer aucune réaction négative, ni jalousie de la part de ses collègues qu’elle connaissait depuis plus de 5 ans et dont elle est très proche. Il existait donc déjà un très bon relationnel dans l’équipe et chacun a compris le nouveau choix de vie de Vanille et son statut particulier.

La distance fait qu’elle a souhaité instaurer des échanges encore plus privilégiés via le chat. Elle essaye également de multiplier les échanges visuels via skype par exemple, même si ce n’est pas encore ancré dans la culture de sa structure. Mais pour se tenir informée et faire en sorte qu’on ne l’oublie pas, c’est indispensable.

On dit que les absents ont toujours tort, alors il est vrai qu’elle doit parfois être vigilante car de par son absence, et surtout de par le caractère très subjectif de son travail de choix de photos, elle peut se sentir exclue du débat quand certains de ses choix d’editing sont retoqués sans qu’elle en soit avertie, ce qui obligatoirement peut provoquer un sentiment de frustration.

C’est donc à elle de redoubler d’efforts de communication, en faisant des points réguliers ou bien en faisant preuve de créativité pour remplacer les échanges quotidiens auprès de la machine à café.

Et puis, elle avoue que revenir tous les mois c’est parfois compliqué car il faut réétablir le lien avec les collègues, aller au contact, se montrer, parler, expliquer tout en essayant de ne pas se laisser déborder par le stress de la vie parisienne qui au fil des mois, du fait de son éloignement, de ses changements d’habitudes de vie, se fait de plus en plus oppressante.

Néanmoins, ces aspects ne sont pas pesants pour elle, cela lui évite une vie monotone et cela lui permet aussi de se remettre constamment en question afin d’améliorer encore son quotidien.

Vanille se sent très chanceuse avec ce statut : elle se sent en complète sécurité financière, comme n’importe quel·le salarié·e, tout en étant autonome, et surtout confortée par la confiance accordée par sa hiérarchie.

Car, même si elle a dû renoncer à une opportunité de carrière et à du management, car non compatible avec le travail à distance, elle considère que ce n’est pas un sacrifice car le voyage est plus important à ses yeux.

Copyright Vanille Mayé

Oui parce qu’on peut être en « remote » ou en nomadisme digital tout en cumulant d’autres activités. Vous vous souvenez, les slasheur·ses ?

C’est le cas de Vanille qui a créé avec son conjoint un blog de voyages, Snooze Again , des réseaux sociaux liés à ce blog, et des contacts et partenariats avec des offices du tourisme dans le monde entier. Ses vacances sont d’ailleurs entièrement consacrées aux voyages pour alimenter le blog.

Cela lui permet d’avoir une vision à 360 degrés et donc d’enrichir ses connaissances dans son métier d’iconographe. Cela lui permet également d’augmenter sa créativité car ses différentes activités se nourrissent les unes les autres.

Là encore, cela nécessite aussi une très bonne organisation.

Mais quand on a un diplôme en documentation multimédias et plusieurs années d’activité professionnelle en documentation et en iconographie, on ne peut qu’être organisé·e et donc on peut assumer plusieurs rôles en même temps !

Depuis peu, après une année en Aveyron, Vanille est partie s’installer à Annecy avec son compagnon.

Peut-on se dire qu’elle a trouvé son Ikigai ? En tout cas elle s’en rapproche beaucoup.

Elle a trouvé un équilibre entre la ville, la campagne, l’iconographie, les voyages, et les récits de voyages.

Sylvaine Pettens, Responsable pédagogique en charge de l'accompagnement des étudiant·es et des responsables d'alternant·es en entreprise.